Après un bon dîner
englouti dans un vrai restaurant cette fois-ci, notre première nuit dans notre hôtel de
Bondowoso fût bonne mais courte. Nous avions réservé dès notre arrivée auprès de la
réception un 4x4 avec chauffeur pour nous rendre à Kawah Ijen y admirer son
spectaculaire lac de cratère, son épaisse forêt, ses plantations de cafés mais
aussi et avant tout, le courage et le respect des porteurs de soufre.
Voilà le pourquoi de
notre venue dans la ville de Bondowoso, qui est l’une des seules portes d’accès
au parc. L’état des routes pour atteindre la base du volcan explique le faible
nombre de touristes dans la région. Le moyen le plus simple et le plus sûr,
sachant qu’il faut partir de nuit pour arriver là-bas au lever du soleil
lorsque les ramasseurs travaillent, est de louer un véhicule.
Levés à 3h30, nous avons rejoins notre chauffeur qui nous attendait devant l’hôtel. Après
un bon café Javanais, c’était parti pour 2h de trajet sur une route cahoteuse
et montante, au travers de petits villages et de forêts denses. Notre hôtel
nous avait préparé un p’tit déj à emporter, sympa ! Mais pas très pratique
d’étaler son beurre sur une tartine dans un 4x4 la nuit…
Arrivés à 6h15 sur
place, nous avons entamé l’ascension de 3kms vers le sommet pour atteindre le
somptueux lac de soufre turquoise à 2 148m d’altitude, entouré des parois
abruptes du cratère. La montée fût difficile mais quand on sait que c’est le
chemin empreinté 2 fois par jour par les porteurs de soufre avec des charges
énormes sur leurs dos, nous avons rapidement oublié notre douleur.
D’ailleurs, en
chemin, un jeune porteur de 23 ans nous a dépassé avec son panier vide en
direction du cratère afin de le re-remplir pour la seconde fois de la matinée et
de redescendre le volcan avec une charge de 80kg ! Pour nous humilier un
peu plus, il fumait, parlait et riait ! Nous le regardions avec notre
langue au sol tentant difficilement de reprendre notre souffle.
Durant l’ascension,
nous avons croisé l’un des managers du site, qui s'occupe de vérifier les quantités de
soufre amassées. Nous avons papoté quelques minutes et il nous a expliqué en
détail la tâche quotidienne des 300 porteurs du site. Ils se lèvent à 3h du
matin pour bosser 6h, le temps nécessaire d’effectuer 2 aller-retour de la base au centre du vocan, ils portent
entre 50kg et 110kg selon les gabarits et ne gagnent que 600 rupiahs par kilo
de soufre soit environ 0,05 euros… Une misère ! Où
trouvent-ils leur motivation ?! Un porteur plus âgé a répondu à cette
question en nous disant qu’il se levait tous les matins en pensant à ses 2
enfants à nourrir et qu’il ne voudrait pour rien au monde qu’ils fassent la
même chose plus tard. Et nous qui nous plaignons toujours pour rien, parce que
notre chef nous a demandé de finir 15 min plus tard ou d’arriver plus tôt,
quelle honte !
Au 2ème
kilomètre, une cabane en bois permet à ces hommes de récupérer quelques minutes
et d’y déposer leur première charge. Chacun sa technique, certains font 2
aller-retour directement, d’autres déposent leur première charge à la cabane
pour aller chercher directement la seconde. A cet endroit, nous avons fait la
connaissance d’un vieux porteur aujourd’hui superviseur, qui a eu la chance de
travailler au côté de Nicolas Hulot ! Il nous a expliqué que Mr Hulot est venu ici
en 97 pour y tourner une des émission d'Ushuaïa Nature. Cet ancien porteur a accompagné l’équipe Ushuaïa pour leurs
expliquer le processus de prélèvement, la vie des porteurs,… Il m’a d’ailleurs
proposé de porter un panier de 70kg de souffre pour montrer ce qu'ils endurent, je peux vous garantir
que je ne serais pas allé bien loin avec sa sur le dos ! La barre séparant
les 2 paniers est faite en bambou. Flexible mais très solide, le bambou oscille de bas en haut à
chaque pas ajoutant un poids supplémentaire dût aux paniers chargés situés aux
extrémités.
Au sommet, nous
avions une vue globale du cratère avec le lac turquoise en contre-bas. Une
épaisse fumée blanche provenant de l’extraction de souffre empêchait une bonne
visibilité. Les guides nous ont recommandé de ne pas y descendre à cause du chemin (un français y a trouvé la mort en glissant) et de la fumée toxique émanant du volcan. Mais nous
n’avions pas fait toute cette route juste pour prendre une photo depuis le
sommet et des paysages alentours. Nous voulions avant tout voir dans quelles
conditions bossaient ces hommes et la difficulté du chemin qu’ils empreintaient
pour sortir du volcan. C’est pourquoi nous avons pris le risque d’y descendre.
En chemin, nous avons croisé la route des porteurs qui remontaient
machinalement, avec la grimace au visage montrant la douleur qu’ils enduraient…
La plupart sont équipés de tongs ou de chaussures usées jusqu’à la semelle !! J’avais honte d’avoir mes belles baskets Adidas à 130€… Et malgré
ça, nous avions du mal à tenir debout parmi tous ces rochers. Nous étions gênés de croiser leurs regards. Nous, touristes, qui
descendions par curiosité voir ces pauvres hommes travaillaient en leurs
faisant un sourire comme si ça aller changer leur vie ! Nous les dérangions
plutôt qu’autre chose.
Plus nous
descendions et plus il était difficile de respirer. Nous toussions sans arrêt
dû à la fumée. Nous nous y sommes attardés que quelques minutes afin de voir
comment les porteurs extrayaient cette substance jaune du volcan. Tout
simplement avec une espèce de pioche et leurs mains ! Une fois les paniers
remplient, ils entament la dure remontée jusqu’au sommet.
Sur le chemin du
retour, nous avons croisé un porteur qui descendait avec ses
80kg sur les épaules. Je lui ai demandé si je pouvais l’aider en portant son
fardeau. 50m plus loin, je n’en pouvais plus !! Ce n’est pas temps le poids
qui m’a arrêté mais plutôt la douleur sur mes épaules et ma colonne
vertébrale. Nous comprenions mieux la bosse qu’ils avaient tous au
niveau des trapèzes. Je me suis excusé de ne pouvoir l’aider davantage…
La route du retour
vers notre hôtel fût silencieuse. Les images et le courage des porteurs de soufre
travaillaient notre esprit.
2 commentaires:
les pauvres !!!!!!ils doivent ere uses !!!le dos l odeur du soufre !!!!!bises
quel courage et quelle claque pour nous ! total respect pour ces êtres qui en plus gagnent une misère ! et tout ça avec le sourire ! Je comprends votre silence au retour ! Belle leçon pour les nantis que nous sommes ! Gros bisous et bonne continuation
Enregistrer un commentaire